Le feu et la cendre

Le feu et la cendre. Voici deux symboles marquants à l'entrée du Carême. Les cendres évoquent spontanément la désolation, la ruine. Mais il s'agit plutôt ici d'y voir le début d'une reconstruction, d'une conversion.

Rubrique Repères inXL6
24/02/2009

Le Mercredi des Cendres, ce jour, n’est pas seulement le lendemain du Mardi Gras. Ce n’est pas d’abord une date folklorique. Le Mercredi des Cendres est pour les chrétiens le jour de l’entrée en Carême. Il exprime une démarche spirituelle que viennent manifester et soutenir des signes, des symboles : le feu, les cendres portées sur le front.

L'image du feu que nous retrouverons lors de la nuit de Pâques signifie que nous voulons brûler ce qui nous empêche de marcher, que nous voulons détruire le péché qui nous blesse et nous défigure. Saint Paul nous dit qu’il faut détruire en nous le vieil homme pour laisser la place à l’homme nouveau (Col 3,1-11). L’appel est clair. Il constitue la première parole de Jésus : "Convertissez-vous". Ce qui signifie changer d’esprit, changer votre cœur, changer de mentalité. Égoïsme, vanité, paresse, lenteur, cupidité, violence, colère, orgueil, voilà ce qu’il faut détruire et brûler.

Tous, nous faisons l’expérience du péché. Comment s’en dégager ? Jésus nous apprend que nous serons victorieux du péché quand nous aurons appris par l’Evangile à remplacer le feu du mal par le feu de l’Amour. Car le feu qui brûle ce jour détruit d’abord mais, en même temps, ce feu éclaire, réchauffe, réconforte, guide et encourage. Comme un feu vivant le Christ est lumière, le Christ est chaleur, le Christ est appel, le Christ est consolation. Que le feu du Christ continue de brûler dans nos cœurs.

La cendre est appliquée sur le front pour nous appeler plus clairement encore à la conversion, précisément par le chemin de l’humilité. La cendre, c’est ce qui reste quand le feu a détruit la matière dont il s’est emparé. Quand on constate qu’il y a des cendres, c’est qu’apparemment il ne reste plus rien de ce que le feu a détruit. C’est l’image de notre pauvreté. Mais les cendres peuvent aussi fertiliser la terre, aider au redépart de la nature et la vie peut renaître sous les cendres.

Quand nous sommes attentifs à ce que peuvent signifier les cendres, nous sommes déjà introduits dans le sacrement de réconciliation et de pénitence. Dire notre péché pour être pénétrés par le pardon de Dieu. Dire notre violence et la regretter et nous en repentir pour imiter Dieu en pardonnant à notre tour. Le sacrement de réconciliation nous oriente de l’intérieur, comme le feu peut nous orienter de l’extérieur dans la nuit du péché. Le chemin de Pâques est donc une route extérieure, avec ces six semaines et ces quarante jours de Carême, mais c’est surtout un chemin du cœur, un chemin de l’intérieur, un chemin de conversion.

Feu, cendres, pénitence… il s’agit de détruire " le vieil homme ", de le brûler, mais il est trop clair qu’on ne détruit et qu’on ne brûle que ce que l’on remplace. Alors interviennent les actes et les gestes, les engagements que l’Eglise propose pour le Carême et dont Jésus nous exprime déjà la nécessité dans l’Evangile : l’aumône, la prière, le jeûne. Il s’agit de reconstruire à la place de ce qui a été détruit. Il s’agit de construire avec la grâce du Christ, avec la main du Christ qui nous saisit. Il s’agit de construire avec l’Esprit du Christ qui va façonner en nous l’homme nouveau. D’où ces trois chemins convergents dont l’Evangile nous parle : l’aumône, la prière et le jeûne.

D'après une catéchèse du Cardinal Pierre Eyt aux jeunes du diocèse de Bordeaux, sur le sens du carême
Cathédrale Saint-André, le 28 février 2001

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