Originaire de Dijon, Olivier Richard a partagé la table de Benoît XVI vendredi 19 août

Souvenirs d'un déjeuner... avec le pape !

Une heure à la table du pape : pour un jeune catholique, l'expérience est de celles qui laissent des marques indélébiles... Originaire de Dijon, Olivier Richard, 25 ans et volontaire pour l'organisation des Journées mondiales de la jeunesse 2011 à Madrid (2011), a vécu son rêve vendredi 19 août 2011 à l'heure du déjeuner. Pour dijOnscOpe, il livre ses impressions sur cet échange avec le Souverain pontife, Benoït XVI...

Olivier Richard, bonjour. Que représente le pape dans votre quotidien de jeune catholique ?

"Le pape Benoît XVI est tout d'abord le garant de l'unité de l'Eglise. Il en est le chef, bien sûr, mais pas en tant que dictateur qui impose ses règles : plutôt en tant que serviteur de l'institution. Son surnom est d'ailleurs "le serviteur des serviteurs"... Au quotidien, il est ma référence. Quand il prononce des discours ou écrit des encycliques, je les suis : c'est la référence de ce que dit l'Eglise.

Suivez-vous systématiquement les directions qu'il trace ou gardez-vous une part de libre-arbitre dans vos choix ?

Lui-même le dit : l'intelligence est très importante pour s'approprier sa foi. Et même si je viens d'une famille catholique, je pense qu'à tout moment, chaque personne qui veut croire a besoin de se réapproprier sa foi. Oui, l'on peut apprendre un certain nombre de choses mais à un moment donné, je décide, moi, de croire. Et si je décide de croire, j'ai besoin que mon intelligence comprenne. Il faut parfois avoir un oeil critique : qu'est-ce que ce message veut dire ? Qu'est-ce que j'entends ? Qu'est-ce que je comprends ? Nous avons besoin de cette réflexion pour avancer : il ne s'agit pas d'absorber tout ça bêtement ; il faut faire que les choses soient siennes pour que le message soit ancré.

Vous avez été volontaire pour l'organisation des Journées mondiales de la jeunesse 2011 (JMJ) à Madrid pendant un an : pourquoi ce choix ?

Je venais de terminer mes études et avais envie de donner un an pour les autres car la foi m'anime et, non seulement donne du sens à ma vie mais donne également du sens à la manière dont je suis avec les gens et dont je perçois les choses au quotidien. Après cette première motivation, j'ai été attiré par le fait qu'aux JMJ, si nous avons tous la même foi, il existe des manières très différentes de l'exprimer suivant les pays et même à l'intérieur d'un pays entre les mouvements sensibles ou plus intellectuels... J'avais envie de vivre cette rencontre et j'ai alors pensé que ce projet d'organisation pouvait apporter beaucoup à ma foi.

C'est ce statut de volontaire qui, par tirage au sort, vous a permis de déjeuner avec Benoît XVI vendredi 19 août 2011...

Un garçon et une fille de chaque continent ont été tirés au sort parmi les volontaires et j'ai appris la bonne nouvelle me concernant alors que j'étais en voyage de noces, après mon mariage le 15 juillet 2011 ! A partir de là, ma mission de volontaire n'a pas changé aux JMJ : je n'ai pas tout laissé tombé du jour au lendemain...

Dans quel cadre ce déjeuner a-t-il eu lieu ?

Nous étions à la nonciature, c'est-à-dire l'ambassade du Saint-Siège en Espagne, en compagnie du cardinal de Madrid et des douze volontaires choisis pour déjeuner avec le pape. Un cadre assez intime, en somme. Lors de son arrivée, le pape nous a salué dans nos différentes langues et nous nous sommes immédiatement mis à table... pour une heure !

Autour de quels sujets a tourné la discussion ?

Il a d'abord manifesté une sympathie sincère et un grand intérêt pour nos vies de jeunes. Certains ont ensuite évoqué la question des réseaux sociaux et il a immédiatement rebondi en disant que le message de l'Eglise, bien que millénaire devait toujours être actualisé ; et que si d'autres moyens de communication apparaissaient, comme Twitter et Facebook, il fallait les utiliser.

Lors du repas, Benoît XVI a également insisté sur le fait que le monde avait besoin d'engagement. Engagement en tant que couple dans une société où se marier ne veut plus dire grand chose, mais également engagement dans l'Eglise, dans des associations, dans la société... Il a vraiment insisté sur le fait que le monde avait besoin de gens engagés. Parfois, en effet, il faut faire des choix qui engagent et c'est comme cela que l'on donne du goût à sa vie - aussi bien par rapport à soi que par rapport aux autres.

De sa personnalité ou de son discours, qu'est-ce qui vous a le plus touché chez Benoît XVI, que l'on ne perçoit pas forcément derrière un écran de télévision ?

Benoît XVI est quelqu'un qui a un regard très pénétrant quand il vous pose des questions. On voit qu'il est vraiment intéressé. J'ai d'ailleurs eu la chance, le jour suivant, à la messe d'envoi, d'apporter avec ma femme le pain de l'eucharistie : il nous a tout de suite adressé la parole en français, preuve qu'il se rappelait bien de la veille ! Voilà vraiment quelqu'un d'humble et d'humain. Il l'a dit lui même quand il a été élu pape : "Jean-Paul II était très médiatique ; je suis l'humble travailleur de la vigne du Seigneur". S'il est moins charismatique que son prédécesseur, son message et son humanité n'en sont pas moins profonds.

A titre personnel, que retirez-vous de cette expérience ?

Il est peut-être trop pour dire si cela m'a changé dans ma foi mais une chose est sûre : elle est quelque chose de profond dans une personne, un long processus. Il y a une conviction intérieure, une manière de voir les choses, une manière d'appréhender la vie... Bien sûr, certains moments permettent d'être confortés dans sa foi et les jeunes qui sont venus aux JMJ ont été touchés par le pape. Mais ils venaient pour quelque chose de plus profond, qui est la foi. Pour reprendre ce que Jean-Paul II disait aux JMJ quand les gens venaient pour son charisme : "Le Christ, le Christ, le Christ !". Bien sûr, les gens sont venus voir le pape mais ils sont surtout venus ici pour donner un sens à leur vie. L'essentiel est dans cette foi que les gens sont venus chercher. Donc oui, la rencontre était forte mais dans le fond, ce n'est pas ça qui change notre manière d'être, même si on se sent peut-être encore plus porteurs du message après une telle expérience...".

Source : Dijonscope
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