Quand le silence nous parle

Article paru dans le bulletin de la paroisse Saint Barnabé en Charnie (Ste Suzanne en Mayenne) de et avec l'accord de l'abbé Raymond Julliot:

 

"Dès notre lever du matin, très vite, de multiples sons viennent envahir notre univers quotidien: le réflexe de mettre la radio ou la télévision en route pour capter les dernières nouvelles, les premières voitures qui passent, le téléphone qui résonne pour permettre la communication des rendez-vous à tenir...Et durant toute la journée, d'autres bruits nous accompagnent, ceux du travail et de toutes activités humaines (ménage...). Le bruit est parfois si important qu'il en devient une nuisance qui fatigue ou qui énerve. Nous vivons dans un environnement sonore, et nous en sommes en quelque sorte habitués, au point que le silence s'il arrive, nous le recevons comme le signe de l'ennui, de la souffrance, de la peur, de la solitude...un vide insupportable.

 

Oui, si étonnant cela soit-il en dehors du fait que le silence peut être recherché pour vivre un instant de repos et de détente, voire de prière, la plupart du temps, le silence nous fait peur parce qu'il nous renvoie à prendre davantage conscience de nous-mêmes. Lorsque nous sommes silencieux et que le monde qui nous entoure est également dans un certain silence, nous sommes alors confrontés à nos propres pensées, à la présence de nous-mêmes. Le silence a comme propriété principale de faire surgir l'univers qui habite en nous. Nous en sommes alors stupéfaits mais le silence est le lieu nécessaire au travail de la pensée. Il féconde le jugement de toute réflexion, aiguise la conscience et le discernement.

 

L'expérience est là pour le dire, c'est dans le silence que nous prenons les décisions les plus équilibrées et que nous posons les actes les plus véridiques.

 

Aussi, n'est-t-il pas inapproprié de souligner que les plus grands religieux et spirituels, tous les chercheurs de sens, accordent au silence bien des vertus. Dieu ne parle pas dans un coeur encombré. Le silence l'invite à l'écoute. Il favorise la paix des passions et engendre l'attention aux autres. Le silence fait apparaître l'essentiel de l'accessoire, l'authentique personnalité du paraître préfabriqué. Le silence met en valeur les paroles. Le silence tout intérieur, dont il s'agit ici, est comme un chemin pour mieux se connaître. Si nous savions de temps en temps, laisser place au silence, y compris dans nos églises qui deviennent trop souvent des parloirs publics, nous découvririons les bienfaits du savoir se taire. Le silence bien vécu éduque les sens intérieurs: écoute, sentir, goûter les choses du dedans.

 

Dans la pratique chrétienne de la prière, il est demandé de commencer par le silence en soi pour entrer dans un dialogue fécond avec Dieu. Il y a là toute une sagesse, fruit de longs siècles d'apprentissage de la relation avec Dieu. Il ne s'agit pas là du silence mortel que l'on rencontre trop souvent aux célébrations des funérailles qui n'a ici que peu à voir  avec le silence méditatif du priant. Le silence vrai disponibilité du coeur, attention à l'autre, écoute intérieure, présence même au milieu de l'aridité. Quand deux amoureux se rencontrent, après le temps des paroles vient celui du silence, qui suffit aux deux êtres pour se comprendre en profondeur. Un simple regard silencieux peut en dire davantage qu'un discours. En ce mois d'octobre, pourquoi ne pas se donner comme objectif de vie spirituelle  de cultiver la joie du silence. A chacun et à chacune, je souhaite cette redécouverte fondamentale.

 

Abbé Raymond Julliot, curé - Octobre 2010

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