Cet herbager du
centre de la Suisse, du canton d’Unterwald, eut une grande influence dans les cantons de langue germanique qui ont été à la naissance de la Confédération helvétique. Malgré son penchant pour la
méditation solitaire, il ne suivit pas immédiatement ce qui était sa vocation première. Il épousa une femme courageuse, Dorothée Wiss, qui lui donna cinq filles et cinq fils. Il tenait sa place
dans la vie politique du canton comme conseiller, mais aussi comme officier dans l’armée. Mais ce bon père de famille, cet homme d’un grand civisme, se retire dans un lieu solitaire pour prier
chaque fois qu’il le peut. A cinquante ans, n’y tenant plus, celui qu’on appelle familièrement "Bruder Claus", frère Nicolas, se laisse happer par la contemplation. Il demande à sa femme et à ses
grands enfants l’autorisation de se consacrer entièrement à Dieu. Permission accordée qui devrait mériter à Dorothée aussi la reconnaissance de l’Eglise pour l’héroïcité de ses vertus. Nicolas
s’enfonce dans la prière. Les visions mystiques deviennent de plus en plus nombreuses. Son jeûne est absolu, scrupuleusement vérifié par des espions de l’évêque du lieu. Curieusement, plus il
s’isole, plus il influence la politique de son pays. On vient lui demander conseil, il dicte ses recommandations, toujours en faveur de la paix et de la concorde. Et c’est ainsi qu’il sauva sa
patrie en 1471, lors de l’invasion de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, qui voulait l’annexer et en 1481, quand il rédigea en une nuit une constitution qui empêcha Unterwald de quitter les
autres cantons, au risque de la désagrégation de la Confédération.
(Prière de saint Nicolas de Flüe)