Votre archevêque, Roland MINNERATH vous parle du carême

 


Le mot carême ne contient en lui-même aucune des nuances de tristesse ou d’accablement auxquelles il est le plus souvent associé. Il est synonyme de libération, de purification et de recentrement sur l’essentiel. Il appelle à la conversion du cœur par la prière, l’aumône et le jeûne, trois démarches tirées du Sermon sur la Montagne (Matthieu 6, 1-18), où Jésus enseigne aux siens comment être vrais devant Dieu et devant les hommes. Sans trahir le sens des paroles de Jésus, nous pouvons dire qu’elles nous renvoient à trois attitudes fondamentales : prière, partage, maîtrise de soi.

Avec sa pédagogie unique, Jésus vient de nommer les trois pointes de notre triangle existentiel : Dieu, les autres, nous-mêmes. On s’aperçoit que ces trois recommandations de Jésus pour une vie vraie n’en font qu’une. En effet, notre personne est relationnelle par nature. Pour exister, elle a besoin des autres. Elle est libre de les aimer ou non, comme elle est libre de se tourner vers Dieu ou de l’ignorer. Or, le Seigneur nous enseigne comment faire bon usage de cette liberté.

Si notre prière se déroule « dans le secret », dans l’intériorité, alors elle sera un dialogue authentique avec le Père qui est dans les cieux, dont la miséricorde est toujours plus grande que nos fautes. Cette prière sera source de libération, de conscience apaisée et de joie. Elle nous rendra davantage disponibles aux autres et nous donnera le goût du vrai jeûne.

Le partage ou la solidarité, comme Jésus les entend, procèdent d’une attitude intérieure qui se tourne vers l’autre pour lui-même : « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite ». Elle suppose un décentrement de soi. On reconnaît là l’agapè, l’amour don de soi, que nous avons appris du Christ.

Enfin, le jeûne est à comprendre plus largement comme effort de maîtrise de soi, dans tous les domaines où nous sentons notre liberté nous échapper, lorsque nous cédons aux tentations de tous ordres. Nous débarrasser des désirs ou des préjugés qui nous retiennent prisonniers, voilà encore une démarche de libération. Jésus dit : prends un air de fête quand tu jeûnes ainsi.

Le temps du Carême nous remettra dans l’être vrai là où nous avons cédé au paraître. Il nous redonnera le sens de la fraternité humaine, là où nous étions tentés de fermer notre porte. Parce que nous aurons redécouvert que le Seigneur « qui voit dans le secret » de nos cœurs, veut nous rendre libres.

Votre archevêque, Roland MINNERATH

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